L’excision, encore appelée Mutilation Génitale Féminine (MGF) a son origine dans l’Égypte ancienne. De nombreuses communautés qui la pratiquent, aujourd’hui, invoquent la tradition et la religion.
Aussi, pour cerner réellement la part imputable à la religion, notamment l’Islam, la FONDATION DJIGUI, LA GRANDE ESPÉRANCE (FDGE) a eu un entretien avec l’Imam Lancina Sissoko, Imam principal de la Mosquée Madina de Marcory Remblais chef du département chargé de la Dawa et culture au bureau du Conseil Supérieur des Imams, des mosquées et des affaires Islamiques de Côte d’Ivoire.
FGGE : Donnez-nous une définition de l’excision
IMAM : L’excision peut être définie comme une mutilation génitale, qui consiste en une ablation rituel du clitoris et parfois des petites lèvres.
Est-ce que cette pratique est autorisée en Islam ?
Je dirai qu’elle est autorisé parce le Prophète (saw), quand Il (saw) a rencontré Oumou à Madina, qui pratiquait l’excision, le Prophète (saw) lui a dit de ne pas tout enlever, parce que cela mettait du plaisir entre la femme et son homme. Cela signifie qu’il ne l’a pas interdit, donc c’est permis.
Est-ce que la pratique faite aujourd’hui est pareil que celle du temps du Prophète (saw) ?
Tout le problème se pose ici. Le Prophète (saw) ne l’a pas interdit mais cela ne veut pas dire que la pratique est obligatoire. Il y’ a un autre hadith, dans lequel, le Prophète (saw) parle de al fitra qui est l’état naturel au nombre de cinq (5) dont al khitan. Pour les hommes c’est obligatoire tous les imams sont unanimes, mais, pour la femme il n’y a pas d’unanimité. Certains disent que c’est une obligation et d’autres disent que c’est une sunna. Donc du moment où il y’ a divergence, il faut privilégier la vie humaine. Aujourd’hui nous pouvons constater que ce qui a été déploré par le Prophète (saw) est ce qui se passe. Les exciseuses enlèvent tout jusqu’à causer la mort.
Il y’a également des conséquences sur la santé de la femme, telles que les fistules, dites maladie de la honte. Les femmes sont obligées de recourir à des chirurgies de la réparation pour avoir des rapports avec leur mari. Partager le lit avec son mari devient pénible. En ce moment, on peut dire, qu’il vaut mieux arrêter que de continuer parce que la pratique n’apporte rien de bon, bien au contraire. Les personnes qui font la pratique prétendent que la femme devient sage après l’excision. Or sur le plan médical, les études ont montré que cela n’est pas vérifié. Du moment où cette pratique crée du tort à la femme il faut l’arrêter.
Vous avez participé à la rencontre de l’Egypte, qu’est-ce qu’on doit retenir ?
En Egypte, il a été question d’échanger sur les hadiths et sur les études faites par les médecins musulmans et confronter les hadiths avec ce qui se passe sur le terrain. Cela a été une rencontre pour que les savants se mettent d’accord sur la pratique.
Ce qu’on a pu avoir en conclusion, c’est qu’il n’y a pas d’hadith qui dit clairement qu’on doit faire ou pas l’excision, mais du moment qu’on ne peut pas faire comme le Prophète (saw) l’a signifié, on doit l’arrêter. En Égypte, après discussion, nous sommes allés en Mauritanie sur invitation, parce qu’il y’ avait des personnes récalcitrantes, et je pense qu’on pu convaincre pour que les savants adhèrent pour interdire l’excision.
Donc, la conclusion a été de l’interdire parce qu’elle engendre plus de mal que de bien.
Que dire à ces personnes qui pratiquent l’excision et donne comme prétexte l’Islam ?
Ceux qui pratiquent l’excision en prenant l’Islam comme référence, je dirai qu’ils n’ont pas bien compris l’Islam. En Islam, il y’a les cinq 5 objectifs pour lesquels même la charia a été légiférée. Lorsqu’on regarde les objectifs, il y’a la préservation de la religion et la préservation de la vie. Si l’islam est fait pour préserver la vie, il serait contraire à l’islam d’adopter une pratique qui opte la vie, ce ne sont pas des arguments valables. Comme plusieurs pratiques, le Prophète (saw) est venu trouver l’excision, Il (saw) a voulu la réguler tout comme d’autres pratiques. Mais, si on n’arrive pas à bien la pratiquer, alors en ce moment, il vaut mieux l’arrêter. On ne peut pas prendre l’Islam comme référence parce que l’Islam ne va pas autoriser une pratique qui peut causer du tort à un être humain. Nous savons que les femmes en souffrent et peuvent en mourir. Lorsqu’on fait une pratique qui peut causer la mort, je pense qu’il faut l’arrêter au nom même de l’islam.