Les 4 et 5 février 2015 se sont tenu un atelier national sur la mise en œuvre de la résolution A/RES/67/146 sur l’intensification de l’action mondiale visant à éliminer les Mutilations Génitales Féminines (MGF). La salle de conférence de l’hôtel IVOTEL a servi de cadre à cette cérémonie.
Déclaration finale
Nous, Participants à l’Atelier national pour la mise en œuvre des Résolutions A/RES/67/146 et A/RES/69/150 des Nations Unies sur l’intensification de l’action nationale visant à éliminer les Mutilations Génitales Féminines (MGF), tenu à Abidjan, le 4 et 5 février 2015,représentants du gouvernement de la République de la Côte d’Ivoire, membres du parlement, leaders de la société civile, leaders religieux et chefs coutumiers de la Côte d’Ivoire :
Considérant que les mutilations génitales féminines représentent une forme de violence irréversible et irréparable commise sur les femmes indifféremment de leur âge, qui touche entre 100 et 140 millions d’entre elles dans le monde entier
Observant qu’en Côte d’Ivoire, 38 % des femmes en âge de reproduction sont victimes selon l’enquête EDS 2012 ;
Préoccupés par la persistance des mutilations génitales féminines et de leur impact irréversible sur la santé physique, reproductive et psychologique des femmes indifféremment de leur âge;
Rappelant les dispositions de l’article 3 de la Constitution de 2000 de la République de Côte d’Ivoire qui stipule « sont interdits et punis par loi, l’esclavage, le travail forcé, les traitements inhumains et cruels, dégradants et humiliants, la torture physique ou morale, les violences physiques et les mutilations et toutes les formes d’avilissement de l’être humain »,
Rappelant l’adoption en Côte d’Ivoire de la loi 98/757 du 23 décembre 1998 portant repression de certaines formes de violences à l’égard des femmes notamment les mutilations génitales féminines ;
Rappelant l’adoption historique le 20 décembre 2012 par l’Assemblée générale des Nations Unies à sa 67ème session de la Résolution 67/146 intitulée « Intensification de l’action mondiale visant à éliminer et à interdire les mutilations génitales féminines » comme un tournant majeur dans la lutte menée contre les MGF;
Réaffirmant que les MGF sont une violation des droits humains et un acte de violence qui contribue à la dégradation du statut des femmes en violant leurs droits fondamentaux ;
Constatant que, en dépit de l’adoption de la loi 98/757 du 23 décembre 1998, très peu de cas de MGF ont été jugés dans les instances judiciaires et qu’une large majorité des femmes et des filles ayant subi des MGF n’a toujours pas eu la possibilité effective de recourir à la justice pour défendre leurs droits ;
Nous, Représentants du gouvernement issus du Ministère d’Etat, Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité, Ministère de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l’Enfant, du Ministère de la Santé et de la lutte contre le Sida, du Ministère de l’Education Nationale et de l’Enseignement Technique, du Ministère de la Justice, des Droits de l’Homme et Libertés Publiques, des membres du Parlement, de l’Ordre des Médecins, de l’Ordre des Avocats, de l’Ordre des Sages Femmes et de la société civile :
Reconnaissons la portée des résolutions A/RES/67/146 et A/RES/69/150 de l’Assemblée générale des Nations Unies comme confirmation d’une prise de conscience universelle pour l’élimination des MGF et la nécessité de multiplier les actions et accroître le soutien à toutes les mesures prises dans ce sens;
Encourageons le gouvernement de la République de Côte d’Ivoire à s’assurer que les obligations prévues par la législation nationale en matière de lutte contre les MGF soient respectées pour garantir le plein exercice des droits fondamentaux des femmes et des filles et mettre fin à l’impunité par l’application effective de la loi ;
Encourageons le gouvernement de Côte d’Ivoire à renforcer la coopération avec les gouvernements, les parlements et la société civile des pays de la sous-région pour harmoniser les législations et les politiques nationales au niveau régional en vue de prévenir et combattre le phénomène de la pratique transfrontalière ;
Encourageons l’implication des hommes dans la lutte, pour qu’ils soient une partie prenante et active du changement vers la tolérance zéro aux MGF ;
Encourageons les autorités politiques, les leaders religieux, les chefs coutumiers, les médias, les juristes, les forces de défense et de sécurité, les populations à coopérer pour influencer les comportements et attitudes afin de faciliter l’application de la loi contre les MGF ;
Invitons le gouvernement de la République de Côte d’Ivoire à s’engager pour l’adoption d’une programme national de lutte contre les MGF ;
Invitons le gouvernement à initier des actions d’envergures pour la vulgarisation de la loi 98/757 du 23 décembre 1998 ;
Recommandons l’implication active des acteurs judiciaires (magistrats, officiers et agents de police judiciaire) dans la vulgarisation de la loi 98/757 du 23 décembre 1998 ;
Recommandons l’implication des medias modernes et traditionnels dans la lutte contre les mutilations génitales féminines, pour qu’ils s’approprient ces questions, et les couvrent de leur propre initiative et de manière permanente ;
Nous nous engageons également à œuvrer conjointement pour parvenir à une nation et à un monde sans mutilations génitales féminines.
Fait à Abidjan, le 06 février 2015