Les origines de la pratique ne sont pas claires mais celle-ci serait apparue avant le Christianisme et l’Islam. Certaines recherches lui trouvent une origine en Nubie, dans la Corne de l’Afrique, dans les régions qui correspondent aujourd’hui à l’Egypte et au Soudan. Des momies égyptiennes présenteraient en effet des marques attestant de la pratique.
Certains chercheurs en sciences sociales pensent que l’excision était pratiquée sur les femmes dans la société pharaonique par les classes sociales les plus élevées. Par phénomène d’imitation sociale, la pratique s’est progressivement répandue dans l’ensemble de la société, les classes sociales moins élevées ayant commencé à exciser leurs filles pour pouvoir les marier aux hommes de rang supérieur.
La pratique se serait ensuite répandue vers l’ouest de l’Afrique et dans l’est, au Yémen. Les différents groupes ethniques se sont appropriés l’excision et l’ont intégrée dans leurs propres traditions, c’est pourquoi une multitude de justifications peuvent aujourd’hui être invoquées par les groupes qui perpétuent la pratique.
En Europe de l’Ouest et aux Etats-Unis, l’excision a été pratiquée jusque dans les années 50 pour traiter des « maladies » telles que l’hystérie, l’épilepsie, les troubles mentaux, la masturbation, la nymphomanie, la mélancolie ou encore l’homosexualité. Aujourd’hui il s’agit d’une pratique liée aux mouvements migratoires.
Aucune raison liée à « la culture, la coutume, la religion, la tradition ou le prétendu “honneur”» (Convention d’Istanbul) ne saurait justifier les mutilations sexuelles féminines.
Dans les sociétés où elles sont pratiquées, les Mutilations Sexuelles Féminines (MSF) sont le reflet d’une inégalité entre les sexes et traduisent le contrôle exercé par la société sur les femmes. Le maintien de la pratique est sous-tendu par un ensemble de croyances culturelles, religieuses et sociales. Les raisons invoquées par les groupes qui perpétuent l’excision peuvent varier selon la région, l’ethnie ou la communauté et peuvent se cumuler.
De façon transversale, il est important de comprendre que l’excision constitue une norme sociale :dans la plupart des communautés, l’excision persiste en raison d’un sentiment d’obligation sociale très fort. Par conséquent, même lorsqu’elles sont conscientes des répercussions sur la santé physique et psychologique de leurs filles, les familles préfèrent perpétuer la pratique pour ne pas subir jugement moraux et sanctions sociales (comme par exemple l’impossibilité pour une fille de se marier ; dans les sociétés où l’on choisit son partenaire à l’intérieur du groupe (non seulement social — homogamie — mais aussi géographique, professionnel, religieux).
L’Unicef, qui travaille de longue date à la compréhension des dynamiques qui sous-tendent la perpétuation et l’abandon de l’excision, explique ainsi dans une étude de 2010 : « Dans les communautés où elle est pratiquée, l’E/MGF n’est considérée ni comme dangereuse, ni comme une violation des droits humains. Elle constitue une étape nécessaire dans la bonne éducation d’une fille, une façon de la protéger et, dans de nombreux cas, de lui permettre de se marier. Les parents font exciser leurs filles afin de leur garantir le meilleur futur possible. L’honneur familial et les attentes sociales jouent un grand rôle dans la perpétuation de l’E/MGF, ce qui permet difficilement aux familles individuelles ainsi qu’aux femmes et aux filles en tant qu’individus de renoncer à la pratique. Même lorsque les familles sont conscientes des conséquences néfastes de l’intervention, elles perpétuent la pratique car elles craignent les jugements moraux et les sanctions sociales au cas où elles ne se conformeraient pas aux attentes de la société. Le moteur principal qui entretient la pratique est souvent le désir de protéger les filles et de leur offrir le meilleur futur possible leur assurant sécurité économique et acceptation sociale ».
Les justifications suivantes sont notamment invoquées par les groupes qui pratiquent l’excision :
- Le contrôle de la sexualité des femmes et le maintien de la domination masculine : L’excision – en prévenant le désir sexuel, empêcherait les expériences sexuelles prénuptiales et ensuite les relations adultérines – garantissant ainsi l’honneur de la famille et du mari.
- Les croyances liées à la religion : bien qu’aucun texte religieux ne prescrive la pratique – qui a d’ailleurs précédé l’apparition des grandes religions monothéistes – certains utilisent leurs croyances pour justifier l’excision. La pratique se retrouve aussi bien dans des populations musulmanes, chrétiennes ou animistes.
- D’autres croyances, les mythes : certaines communautés pensent que l’excision favorise la fécondité des femmes ; qu’elle permet d’assurer une meilleure hygiène, de rendre les femmes plus attrayantes ou même de leur ôter les parties qu’ils considèrent comme masculines ou dangereuses telle que le gland du clitoris.
- Le maintien d’une identité et d’une tradition culturelle : pour certaines communautés, pratiquer l’excision permet de perpétuer une tradition et de protéger une identité culturelle. L’excision est par exemple parfois associée à des rites de passage à l’âge adulte. Pratiquer l’excision pour préserver son identité culturelle, en particulier au contact de groupes qui ne pratiquent pas, peut jouer un rôle important, par exemple dans un contexte migratoire. Certaines familles peuvent parfois perpétuer la pratique en migration pour s’assurer de transmettre valeurs et identité culturelle.
Source : www.excisionparlonsen.org